Le bocage, les haies, le questionnement

Les réponses légales

Faut-il ou pas replanter des haies ? La question a une réponse simple alors que l’action sera inexorablement lente.

La haie élément de biodiversité et de planification écologique

En dépit des bénéfices agro-environnementaux et « malgré les programmes de plantations », le nombre de haies diminuent dans le paysage français. La perte est estimée à 23 500 km/an entre 2017 et 2021, d’après les études du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire. Un rapport est disponible en lien.

Source : Rapport du CGAAER n° 22114 - La haie, levier de la planification écologique | Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, le 11/05/2023


Bulletin hebdomadaire n° 1874 - extrait édité par SPFC-ACIP – Siret 41838214900015 92350 Le Plessis-Robinson

Environnement Recréons le bocage !

par Paul Astolfi

Jean-François Morton de La Chapelle a été conseiller agricole en Chambre d’agriculture. Dans son ouvrage récent (1) il prend le parti de l’avenir durable des campagnes en dénonçant la rupture de la continuité des haies bocagères, « la présence de haies continues et assez épaisses permet d’augmenter de 15 % à 40 % les rendements agricoles » affirme-t-il et de citer l’exemple de la Bretagne « qui montre que l’arrachage des haies a opéré une baisse de 50 % de la production fourragère et de 35 % de la production laitière ».

Ce que l’on appelle le bocage est un alignement d’arbres, de haies, d’arbres isolés et de petits bois. Il constitue un milieu façonné par l’homme dans sa maîtrise de l’activité agricole et plus souvent de l’élevage en plein air. Élément de délimitation des parcelles agricoles, le bocage interagit avec l’habitat, les fermes et les hameaux. L’empirisme et l’expérience des paysans ont été l’élément de revalorisation des haies bocagères pour en utiliser les vertus indispensables à leur vie.

Le bocage ferme des espaces générateurs de micro climats, opère une légère augmentation de la température au sol, protège les bâtiments et le bétail contre le froid, assure une protection de 30 % à 50 % meilleure contre les vents, favorise un rendement de 6 % à 20 % de plus sur les cultures exposées en plein vent, diminue les bruits jusqu’à 10 décibels, opère une régulation hydraulique en favorisant l’infiltration des eaux, filtre les nitrates et les résidus d’engrais, protège la biodiversité (avifaune, insectes pollinisateurs, petits mammifères…), assure une fonction économique en produisant du bois de chauffage.

L’arbre et les haies dont les atouts sont amplement démontrés sont aussi vécus comme une contrainte. Le remembrement institué par l’État en 1941 qui a généré le regroupement de 15 millions d’hectares entre 1945 et 1993 a considérablement modifié les espaces au détriment des haies, comme des rideaux brise-vent ou des mares. À cela s’ajoute la perte du plus d’un million d’exploitations agricoles entre 1963 et 1993 induisant une mécanisation qui a été un accélérateur de la suppression des haies. Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu du bocage. Les actions régulières de replantation se sont avérées insuffisantes. Aujourd’hui, 750 000 km de haies sont toujours menacés alors que chaque année 11 500 km de haies disparaissent du paysage.

Jean de La Chapelle appelle avec force à la replantation des haies et d’affirmer « c’est l’avenir durable de nos campagnes ». Dans le cadre du « plan de relance », 50 millions € ont été budgétés pour un programme « plantons des haies ». L’objectif de ce programme est d’aider les agriculteurs qui souhaitent favoriser la biodiversité autour et à l’intérieur de leurs cultures en reconstituant les haies bocagères qui les entourent et en implantant des alignements d’arbres. Cette mesure a pour ambition de parvenir à la plantation de 7 000 km de haies d’alignement d’arbres parcellaires sur la période 2021-2022. Au-delà de cette période l’ambition est de doubler le linéaire de haies en France à l’horizon 2050. Elle poursuit et renforce les actions menées dans le cadre du plan de développement de l’agroforesterie 2015-2020 actuellement en cours de renouvellement pour la période 2021-2025.

Simplifier les procédures d’aide à la replantation des haies bocagères, lever les contraintes existantes à leur réalisation, impliquer les professionnels de la replantation et du reboisement en finançant des matériels performants, mobiliser les différents acteurs (agriculteurs, éleveurs, herbagers, mais aussi les maires ruraux, les Chambres d’agriculture, les organisations agricoles sans oublier les habitants), y affecter les financements pérennes et suffisants seront les éléments déterminants d’une réussite de replantation des haies qu’il convient d’encourager et de développer à l’instar des conférences, des émissions de radio et des publications incitatives de Jean de La Chapelle.

(1) « La planète en surchauffe constante », – Jean-François Morton de La Chapelle – Le Bourg – 47 330 FERRENSAC


Taille des haies, attention aux dates !

Source : oise.gouv A partir de la mi- mars, la saison de nidification va commencer. Pour ne pas déranger ou déloger les oiseaux pendant cette période cruciale pour leur cycle de vie, l’Office français de la biodiversité, recommande de ne pas tailler les haies ni d’élaguer les arbres du 15 mars au 31 juillet.

Pour les agriculteurs, la taille des haies est interdite du 16 mars au 15 août. Un livret présente les principaux points de ce PSN pour la PAC 2023-2027.

Aidez-nous à soutenir les personnes en détresse et précarité, Faites un don ! Vos Dons et/ou Adhésions, en 2025

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