Situation 8 : Camille, 50 ans et auxiliaire

Perturbations et peurs

L’Organisation Mondiale de la Santé et la Haute Autorité de la Santé ont reconnu ce syndrome afin de lui donner une reconnaissance législative. (2017 - 2018)

Situation 8 : Camille, 50 ans et auxiliaire de puériculture en niveau III

Propos recueillis en septembre 2015. Témoignage dans le milieu médical et sur la pénibilité du travail de nuit, en général.

Je suis auxiliaire de puériculture, je travaille en salle de naissances, aux urgences gynécologiques dans un CHU de niveau III . Dans ce service le taux de mortalité reste maximal malgré la technologie et les gestes de soins. Je travaille de nuit en 12 h, je suis présente de 20h à 8h et je fais entre 2 et 4 nuits par période de 7 jours. Depuis septembre 2014, la charge de travail ne fait que s’accentuer. A deux auxiliaires, nous gérons deux services et des tâches nous sont constamment rajoutées. Comme nous n’avons pas d’ASH la nuit, nous nous occupons aussi du nettoyage des salles d’accouchement et du bloc opératoire. Nous portons des charges lourdes en continu (sacs de linge, bacs pour déchets, etc.). S’ajoute à cela, un turnover de l’équipe imposé par la cadre. Nos repères vol en éclat, la complicité de nos gestes, indispensable pour la vitesse et l’efficacité d’exécution, sont à réapprendre à chaque changement. Nous sommes rappelés sur nos jours de congé et avec le manque de repos, le travail de nuit, devient impossible.

Comme je finis par me sentir mal, je décide d’en parler avec ma cadre. Je souhaite même changer de service. Elle m’assure comprendre ma demande mais elle déclare ne pas avoir de moyens immédiats. De plus, elle me soumet que durant les mois d’été le manque de personnel s’aggrave. Je prends mon mal en patience bien je n’en puisse plus, j’ai des douleurs dorsales et musculaires, les migraines persistent tous les jours. Lors d’une fin de garde, je me blesse au dos en soulevant un bac. Ce jour-là, j’ai craqué en finissant ma nuit en pleurs. Après un entretien de trente minutes avec la cadre, cette dernière réaffirme avoir entendu ma doléance mais qu’elle peut me changer de service qu’en octobre, si tout va bien ! Comment vais-je pouvoir aller jusqu’au bout ? Je sais que je ne vais pas y arriver, j’angoisse à l’idée de travailler dans ces conditions. L’appréhension, la fatigue, les douleurs débouchent sur des anticipations négatives. Je pense à mon boulot tous les jours, même en congé ! Je n’avais pas réfléchi au syndrome d’épuisement jusqu’à ce que ma collègue lâche le mot en plaisantant. En faisant des recherches sur le Net, je trouve un test qui permet d’évaluer l’état d’épuisement professionnel et émotionnel. Mon résultat est catastrophique ! Je pense à rencontrer le médecin du travail, seulement, j’ai peur de pleurer tout en m’expliquant et surtout qu’il me déclare en burn-out, qu’il m’arrête définitivement au lieu d’aménager mon poste. J’ai toujours estimé que le mot « burn-out » était à la mode. Qu’il s’agissait d’un truc pour les cadres ou les dirigeants d’entreprise. Je ne pensais pas y être confrontée un jour, ce jour ! Est-ce que ce test est valable ? Par qui a-t-il été rédigé, mes idées se bousculent encore car sans emploi, ma vie basculerait. Je ne peux pas me permettre un arrêt de travail, je suis seule avec mon fils ! Je me sens dans une impasse, j’ai l’impression qu’il n’y a pas de solution !

Question au DRH : Une interrogation ressort sur la pénibilité du port des charges. Que préconise le droit du travail ? Accord du 4 décembre 2009 relatif à l’emploi des salariés âgés - Texte de base - Emploi des salariés âgés - Article 10.2.1 « 1. Situations de travail sous fortes contraintes physiques : Dans ces situations sont visées les activités de manutention et de port de charges lourdes. Leur degré de contrainte s’évalue en fonction des efforts, des conditions d’exécution, et de leur durée (plus de 20 heures par semaine pour des efforts importants exécutés dans des conditions difficiles). En vue de la prévention du risque professionnel et de la pénibilité, la mécanisation des tâches de manutention et une formation adaptée aux gestes et postures sont à privilégier. Les valeurs de limites proposées par la normalisation (norme NFX 35.1 09 avril 1989) constituent une meilleure référence que les valeurs maximales du code du travail. A titre d’exemple, les valeurs de la norme pour le port de charge occasionnel sont de 30 kg pour un homme (25 kg à partir de 45 ans) et de 15 kg pour une femme (12 kg à partir de 45 ans). Lorsque ce port de charge est répétitif, ces valeurs de norme sont de 25 kg pour les hommes (20 kg à partir de 45 ans) et de 12,5 kg pour les femmes (10 kg à partir de 45 ans). Il est précisé que les valeurs normalisées s’appliquent selon les conditions et méthodes de la norme. Par ailleurs, il est souhaitable de se référer à la norme NF EN.1005, parties 1, 2 et 3 (indice X 35.106, parties 1, 2 et 3), pour prendre en compte la performance physique humaine dans la conception des machines. Pour les salariés âgés, le retrait des situations de port habituel de charges lourdes constitue une mesure de prévention prioritaire . »

La législation évoque parfaitement les horaires de nuit pour les femmes dans le Code du Travail mais aussi dans les conventions collectives.

Extraits « Le syndrome d’épuisement » Sylvie BRIERE, autreure chez Fortuna éditions (rupture de stock)

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