LE VIF s’exprime : Mères porteuses : « Un véritable retour en arrière pour l’égalité » Carte blanche
Des jeunes belges, membres de partis politiques différents, se rassemblent pour dénoncer unanimement la gestation pour autrui. Une pratique contraire aux droits des femmes et dont le Parlement européen a demandé l’interdiction cette semaine. En Belgique, le Sénat est en passe de l’autoriser. © iStock
Mais que se passe-t-il au Sénat belge ? D’un côté, nous pouvons nous réjouir du dernier rapport sur "l’égalité des droits Homme-Femme« du 2 mars 2015. Il explique en 184 pages comment la Belgique prévoit de lutter contre les inégalités des droits entre les femmes et les hommes. Les engagements les plus détaillés sont pris pour vaincre toutes formes de violence et d’inégalité dont les femmes sont bien souvent les victimes. De l’autre, quelques mois plus tard, le Sénat adopte le 11 décembre 2015, un rapport recommandant de » légaliser la GPA, tout en interdisant la maternité de substitution à des fins commerciales, et, retenant toutefois l’idée d’une « rétribution » de la mère porteuse ". Une pratique permettant à un couple commanditaire de s’acheter les services d’une femme pour obtenir un enfant, abandonné à sa naissance. Un véritable retour en arrière pour l’égalité.
Ce rapport de 400 pages (1) de la Commission des affaires institutionnelles du Sénat, reprend les auditions de vingt-quatre experts, parmi lesquels plusieurs médecins, psychologues, ou avocats. Notons au passage que plusieurs d’entre eux sont directement impliqués dans la pratique actuelle de la GPA en Belgique et y trouvent une source de revenus. Les sénateurs sont unanimes, la GPA rémunérée sera interdite, et ce, afin d’éviter les abus. Ceci n’empêche pas les mêmes pourfendeurs de la rémunération des femmes porteuses d’accepter le concept d’indemnisation, voir de cadeaux pour la mère porteuse. La femme ne sera donc pas rémunérée, seulement « indemnisée » et ce « pour ses bons services rendus », alors qu’elle sera lucrative pour de nombreux intermédiaires : les centres de procréation en hôpital, les psychologues, les avocats, les médecins et tous les autres. Quelle hypocrisie !
Certains ont défendu la GPA altruiste et gratuite, mais ce concept ne tient pas. Certains ont défendu la GPA altruiste et gratuite, mais ce concept ne tient pas. Comme plusieurs experts et avocats l’ont rappelé : la GPA est un marché qui sera régulé par les lois du marché, ceux qui ont le pouvoir et l’argent exploiteront ceux qui sont faibles, influençables ou sans ressource. Les tristes exemples de telles pratiques en provenance d’Inde, de Thaïlande ou encore des États-Unis devraient nous ouvrir les yeux ; mais pas ceux de nos sénateurs apparemment.
Une ferme interdiction dans un autre Parlement Hasard du calendrier ou pas, ce 17 décembre 2015, le Parlement européen, à une large majorité, a réaffirmé le fait que (2) "la pratique de la gestation pour autrui (…) va à l’encontre de la dignité humaine de la femme, dont le corps et les fonctions reproductives sont utilisés comme des marchandises ; De plus, les Parlementaires européens estiment que cette pratique, par laquelle les fonctions reproductives et le corps des femmes, notamment des femmes vulnérables dans les pays en développement, sont exploités à des fins financières ou pour d’autres gains, doit être interdite (…)" Or, - faut-il le rappeler, - le rôle des rapports d’initiative votés au Parlement européen, est de servir de boussole pour l’ensemble des pays membres. Dès lors, comment la position du Sénat belge est-elle conciliable avec cette injonction du Parlement européen ?
L’avenir est en jeu Des jeunes de partis politiques différents se réunissent car c’est l’avenir de la société belge qui est en jeu. Quel avenir voulons-nous construire ? Quelle société pour demain ? Celui où un enfant pourra être conçu pour être intentionnellement abandonné par sa mère dès les premiers instants de sa vie ? Où un contrat poussera une mère à renoncer à l’enfant qu’elle a porté pendant 9 mois contre une indemnisation ? Ou des intermédiaires toucheront d’importants revenus sur la détresse de familles entières et de couples stériles ? Une telle pratique ne peut nous laisser indifférents. Tous les citoyens responsables, eux aussi, sont invités à une vraie réflexion au-delà de l’émotion ou des slogans faciles mais abêtissants de lobbys. La dignité des femmes et la protection des enfants sont à ce prix ! La sagesse de l’Université des femmes, dont la lettre (3) adressée à la Commission des affaires institutionnelles, peut nous inspirer : "Le consentement des femmes invoqué tant pour la GPA dite altruiste que pour la GPA commerciale, doit être considéré comme non pertinent… Le glissement actuel du désir d’enfant au droit à l’enfant doit être interrogé.
Par Tanguy Bocquet, Jeune MR, et Guillaume Dos Santos, Président des Etudiants Démocrates Humanistes.
(1) senate.be/www/webdriver ?MItabObj=pdf&MIcolObj=pdf&MInamObj=pdfid&MItypeObj=application/pdf&MIvalObj=100663578
(2) Initiative parlementaire, rapport sur les Droits de l’homme et de la démocratie dans le monde, article 114.
(3) La dernière pièce du rapport de la commission des Affaires institutionnelles au Sénat sur la GPA, est une lettre de l’Université des Femmes.
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GPA en Inde et aux États-Unis : le supermarché du bébé est ouvert
FIGARO VOX Vox SociétéPar Tribune FigaroVox
FIGAROVOX/TRIBUNE - Il y a un an, Manuel Valls promettait que la gestation pour autrui était et resterait interdite en France tout en promettant une initiative internationale. Les Gavroches constatent qu’il n’en a rien été.
Les Gavroches convoquent l’imaginaire des Misérables pour réinventer un roman national. Ces enfants des barricades, amoureux des arts, s’engagent pour replacer le débat politique dans la rue et créer le dialogue.
Le Docteur Patel a tout prévu : au rez-de-chaussée : les consultations ; dans les étages : l’hôtel pour les parents et au sous-sol : de quoi accueillir plus d’une centaine de femmes enceintes simultanément.
En une dizaine d’années, le Docteur Sejal Patel a déjà produit plus de 800 bébés, nés de mères porteuses indiennes à destination de couples occidentaux pour la plupart. Dans un pays où le salaire moyen est de 0,6$ par jour, être mère porteuse est une aubaine qui laisse espérer entre 8000 et 10 000 dollars par grossesse. Pour les parents commanditaires, il leur en coûtera entre 28 000 et 30 000 $.
Le marché de la gestation pour autrui représente plus d’un milliard par an, rien qu’en Inde. Le Docteur a eu le nez creux car le marché de la gestation pour autrui représente plus d’un milliard par an, rien qu’en Inde. Alors cette spécialiste de la fertilité, formée aux Etats-Unis, a écouté son cœur généreux. Elle aide ses compatriotes dans la détresse et les couples étrangers en mal d’enfants. Et si cet altruisme lui permet de de devenir millionnaire, ce n’est pas plus mal.
La gestation pour autrui en Inde, c’est un peu la grande surface du bébé à vendre, caricature d’une économie de marché totalement libérée qui s’invite à la table de la maternité. Il en est peu pour la défendre !
Mais, il est des partisans pour défendre la GPA éthique, celle qui se pratique aux États-Unis, par exemple. Là, c’est l’épicerie fine de la gestation pour autrui, mais il en coûtera plus cher à l’acheteur, au minium 80 000 $, c’est le prix à payer pour avoir le supplément de la bonne conscience.
Pas de crainte à avoir, la mère porteuse n’est pas rémunérée, elle est juste défrayée de ses frais pour le suivi médical, pour ses vêtements et reçoit une compensation pour la gêne. Tout est écrit dans le contrat rédigé par l’avocat qui met sur un même plan mère porteuse et couple commanditaire. Loin des usines à bébés indiennes, la mère porteuse est dans une logique de don. Elle offre à ceux qui ne peuvent en avoir un enfant, elle qui a déjà eu la joie d’en avoir veut partager cette joie d’être parent.
A la manière de la prostitution, la GPA fait du corps un objet de travail, un objet de commerce…. Le corps féminin entre dans l’économie de marché.
Encadrée ainsi la GPA serait éthique, au cœur d’une économie de marché contrôlée et donc respectueuse des personnes. Pourtant, éthique ou pas la Gestation pour Autrui utilise toujours les mêmes ingrédients : d’un côté une femme qui vend son corps comme un outil de travail, de l’autre un couple qui dispose du capital nécessaire et passe commande pour obtenir le produit de ses rêves. A la manière de la prostitution, la GPA fait du corps un objet de travail, un objet de commerce…. Le corps féminin entre dans l’économie de marché.
Quitte à commander un bébé, pourquoi ne pas le commander parfait ? Le marché de la gestation a tout prévu. La donneuse d’ovocyte ne sera pas celle qui porte : multiplication des ouvrières maternelles, histoire de distendre au maximum le lien entre elles et le bébé. Là encore l’économie de marché entre en jeu. Les tarifs varient en fonction de son niveau d’étude, de son physique… Les donneuses les plus prisées sont les jeunes filles blanches, à QI élevé, véritables poules aux œufs d’or. La GPA c’est donc la version humaine de l’élevage moderne : sélection de la semence parfaite, insémination dans un être vivant réduit à sa capacité gestatrice en vue de produire un être vivant correspondant aux attente de l’économie de marché. Si en Inde, c’est de l’élevage intensif, aux États-Unis c’est du bio, mais ce n’est qu’une différence de cuisson, le plat reste le même : la marchandisation de la maternité.
Dans ce marché libéral et sans conscience, celles qui font leur beurre ce sont les agences américaines, celles qui mettent en relation, les acteurs du marché, assurent la rédaction des contrats et l’assurance d’un produit conforme aux exigences des acheteurs. Elles organisent des salons, font la tournée des pays européens pour recruter des parents d’intention, capitalisant ainsi sur la souffrance de ces couples hétéro ou homosexuels en mal d’enfant.
Le commerce est juteux et les intermédiaires font plus que ramasser les miettes…
La gauche a quitté depuis bien le longtemps la table de la lutte des classes pour lui préférer le menu libéral libertaire agrémenté à la sauce égalité.
Il y a un an, Manuel Valls réaffirmait que la gestation pour autrui était et resterait interdite en France, dénonçant la pratique intolérable de commercialisation des êtres humains et de la marchandisation du corps des femmes. Il allait même jusqu’à prôner une initiative internationale… En un an, rien n’a eu lieu pour combattre la GPA, au contraire, la décision du Conseil d’État l’a même légalisée de fait en automatisant l’inscription sur l’état-civil des enfants nés de GPA à l’étranger.
Paroles, paroles d’un Gouverne-MENT
On peut s’étonner de l’inaction d’un gouvernement socialiste dont la lutte contre le capitalisme sauvage devrait être le plat principal mais c’est oublier que la gauche a quitté depuis bien le longtemps la table de la lutte des classes pour lui préférer le menu libéral libertaire agrémenté à la sauce égalité.
Où en sommes-nous, actuellement ??